
Enfant, André Stern se présentait en disant « je m’appelle André, je suis un garçon, j’ai 6 ans, je ne mange pas de bonbons et je ne vais pas à l’école ». De nos jours, il utilise une formule très similaire dans laquelle il précise qu’il ne va toujours pas à l’école. Les parents d’André, dont le père Arno Stern est chercheur et pédagogue, avaient fait le choix d’un mode de vie sans école pour leurs enfants. Et le couple les a regardés, à la fois ému et attentif, grandir et s’épanouir à leur rythme propre et sans aucune intervention éducative. Un mode de vie qu’André Stern perpétue à son tour.
André Stern est né à Paris en 1971. Aujourd’hui, il évolue entre ses passions et ses métiers sans réellement distinguer la frontière entre les deux. Y en a-t-il d’ailleurs vraiment une? Probablement pas si l’on considère l’enthousiasme généré par l’une ou l’autre. Ce musicien, compositeur et luthier est également conférencier, journaliste spécialisé et auteur. Et la pédagogie dans tout ça? Il n’y a qu’un pas. André Stern enseigne également la musique, selon la physio-logique, une pédagogie qu’il a lui-même développée. Il est également l’initiateur des mouvements « écologie de l’éducation » et « écologie de l’enfance », le directeur de l’Institut Arno Stern (Laboratoire d’observation et de préservation des dispositions spontanées de l’enfant) et a été nommé Directeur de l’Initiative « Des hommes pour demain » par le Prof. Dr Gerald Hüther, chercheur en neurobiologie avancée.
Ayant « grandi en dehors de toute scolarisation, sans stress, sans compétition, sans programme préétabli ni référence à une quelconque moyenne » il raconte volontiers son expérience. Selon lui, son expérience de vie et sa non-scolarisation font de lui une « exception » dans notre monde, alors qu’il est un enfant comme un autre, et que ce qu’il a « vécu est aussi ce qu’il y a de plus naturel ».
D’après André Stern les enfants naissent tous avec des dispositions spontanées.
La première de ces dispositions spontanée est celle de « jouer ». Tout enfant, quelles que soient les circonstances, joue. Selon lui, cette disposition innée constitue le meilleur moyen d’apprendre; les deux notions, jouer et apprendre, sont pour l’enfant synonymes et indissociables. Ainsi « demander à un enfant d’arrêter de jouer pour apprendre n’a pas plus de sens pour lui que de demander à un adulte de respirer sans absorber d’air ».
Ensuite, la neurobiologie a permis de mettre en évidence une deuxième disposition spontanée, selon laquelle notre cerveau se développe lorsqu’il est utilisé avec enthousiasme. Le professeur et chercheur en neurobiologie avancée Gerald Hüther, notamment, a démontré ce concept. L’enthousiasme agit comme des stimuli et est souvent défini par les neurosciences comme un engrais sur notre cerveau; il génèrerait une motivation pour apprendre tout au long de notre vie. Au contraire, demander à l’enfant quelque chose qui est contre nature pourrait activer dans son cerveau des zones cérébrales qui sont identiques à celles stimulées lors d’une douleur intense.
De façon naturelle, un enfant de 3 ans s’enthousiasmerait de 50 à 100 fois par jour, étendant à chacune d’elles ses connexions neuronales. En comparaison, une personne adulte ne s’enthousiasmerait qu’une dizaine de fois par année. On comprend aisément la nécessité de laisser l’enfant jouer et de le nourrir en fonction de ses sources d’intérêt au fur et à mesure qu’elles se développent.
La troisième disposition spontanée concerne la très grande ouverture d’esprit dont les enfants sont naturellement dotés. Parallèlement, ils ne connaissent pas l’intolérance, au contraire même, ils embrassent la diversité, car ils sont des êtres naturels. Et plutôt que de toujours chercher à leur enseigner quelque chose, nous devrions nous demander ce que nous pourrions apprendre des enfants, selon André Stern.
La quatrième disposition spontanée décrit l’élan naturel des enfants pour découvrir le vaste monde à la rencontre des autres et de leurs différences. Et nos enfants sèment continuellement dans le cœur des personnes qu’ils rencontrent des graines de bonheur et suscitent le partage et l’échange. Ce sont des travailleurs en équipe naturellement, car ils sont « intensément reliés à leurs intuitions ».
Selon André Stern, ces dispositions spontanées devraient nous permettre de faire confiance à nos enfants et à leurs capacités d’apprendre en jouant et en s’enthousiasmant devant toute chose, comme un simple petit morceau de papier ou une petite cuiller. Il donne de multiples exemples lors de ses conférences sur ces détails qui font que l’enfant construit un monde avec parfois des choses qui nous paraissent futiles. Mais l’important c’est que l’enfant s’enthousiasme. Nous agissons souvent avec nos enfants pour nous rassurer nous-mêmes et nous conformer aux attentes de la société : entrer dans une bonne université, obtenir un diplôme prometteur, trouver un bon travail, se marier avec une personne idéale, avoir de bons enfants…Ne serait-il pas plus naturel de les conforter dans le fait qu’ils sont simplement parfaits tels qu’ils sont?
André Stern n’est cependant pas un détracteur de l’école ou de l’enseignement; il le répète à de nombreuses reprises. Il refuse de critiquer une méthode ou d’en recommander une autre; il cherche davantage à mettre en œuvre une nouvelle façon de penser et une nouvelle attitude avec l’enfant. Il ne repousse pas non plus l’idée d’une certaine structure, garante en elle-même de liberté. Selon lui, cette même structure est rassurante pour l’enfant. Pour André Stern l’essentiel est d’être confiant vis-à-vis des dispositions spontanées de l’enfant; cette confiance nous permet alors d’adopter une attitude nouvelle et profitable pour tous, de les laisser jouer et de nourrir leurs intérêts.
Livres d’André Stern :
en français :
– Jouer: faisons confiance à nos enfants, André Stern, Éditions Actes Sud, 2017
(également en allemand, italien, hongrois et polonais);
– Semeurs d’enthousiasme, manifeste pour une écologie de l’enfance, André Stern, éditions l’Instant Présent, 2014;
– …Et je ne suis jamais allé à l’école : histoire d’une enfance heureuse, André Stern, éditions Actes Sud, 2011
Film :
– Alphabet du cinéaste autrichien Erwin Wagenhofer (suite de la trilogie « We feed the world » et « Let’s make money »). André Stern est un protagoniste et co-auteur du livre éponyme (éditions Ecowin – 2013)
© CCHE. All rights reserved. The information provided on this site is meant for informational purposes only. The information is distributed with the understanding that it does not constitute legal advice, and it should not be relied upon as such. Readers with legal questions should consult with a qualified lawyer regarding the specifics of their particular situation. Links may be provided to third party sites that some homeschooling families have found to be helpful. You should exercise your own independent skill and judgement in making homeschool resource and curriculum choices for your family.