John Taylor Gatto est un enseignant, essayiste et écrivain, né en 1935 en Pennsylvanie. Il dénonça fermement les écoles publiques et l’enseignement qui est offert aux enfants. Puis, il créa une méthode éducative novatrice qu’il appela le programme « guérilla » ( »guerilla curriculum ») mis en place à l’Albany Free School, un mélange équilibré entre des apprentissages autonomes, de l’implication communautaire, de l’apprentissage professionnel et de la solitude.

Alors qu’il était encore très jeune, John Taylor Gatto commença à effectuer divers petits emplois. Plus tard, après avoir servi dans le corps médical de l’Armée américaine, il finit ses études et commença à travailler en tant que scénariste dans l’industrie cinématographique et publicitaire, puis il fut entre autres chauffeur de taxi ou créateur de bijoux avant de se consacrer à l’enseignement pendant de nombreuses années. Il s’investira totalement dans ce métier et fut nommé, à trois occasions, l’enseignant de l’année de la ville de New York (New York City Teacher of the Year). Cependant, lors de sa dernière nomination, en 1991, il démissionna annonçant qu’il ne voulait plus faire de mal aux enfants. Plus tard, cette même année, à la suite d’une émission au Carnegie Hall  ( »An Evening With John Taylor Gatto »), il entama une vaste tournée publique consacrée à la réforme de l’école. Il avait constaté que l’école et l’enseignement qu’elle offrait ne servaient en rien les grandes entreprises sur la planète, ne formait ni les scientifiques, ni les politiciens, ni les poètes. John Gatto fut dès lors considéré comme l’un des plus grands détracteurs de l’école américaine. Il a écrit de nombreux livres et essais.

En 1992, il fut nommé secrétaire de l’Éducation au Libertarian Party Shadow Cabinet et fut inscrit au Who’s Who in America à partir de 1996. Il reçut le prix Alexis de Tocqueville en 1997 et fut nommé au Board of Advisors of the National TV-Turnoff Week.

L’école et ses six leçons

Selon John Taylor Gatto, l’école a pour seul objectif d’apprendre « l’école ». En effet, elle pousse nos enfants à se développer de façon absurde et toutes les réformes scolaires visaient à se complaire dans cette absurdité. Car à l’école, on apprend avant tout à obéir aux ordres. Il estime que les enseignants apprennent six leçons à leurs élèves, et ce, quelles que soient les écoles fréquentées.

Premièrement, ils apprennent aux enfants à accepter l’étiquette et la classe qui leur ont été octroyées, à s’y résigner et même à s’y complaire. Ils leur apprennent également à rester confinés avec des enfants du même âge et de la même condition sociale, visant à refréner les perspectives futures de l’enfant et à s’assurer qu’il n’existe aucune porte de sortie de ces classes, sauf « par magie ».

Deuxièmement, ils apprennent aux enfants à agir comme des automates, s’allumant et s’éteignant sur demande. Les enfants doivent s’impliquer totalement et s’enthousiasmer face aux informations incohérentes dont on les abreuve. Puis, ils devront abandonner un travail inachevé au seul son d’une cloche, signal d’un déplacement urgent vers un nouveau cours, dont la fin sera également suspendue au même son… la cloche se transforme, dans la plus pure indifférence, en objet de destruction du passé et du futur!

Troisièmement, ils apprennent aux enfants à ignorer leur propre volonté pour répondre à une suite d’instructions et de comportements prédéterminés. Les jugements des enseignants sont sans appel, toujours considérés comme légitimes et investis du pouvoir de ramener sur le droit chemin toute trace d’individualité.

Quatrièmement, ils apprennent aux enfants à devenir intellectuellement dépendants. Les enseignants s’affichent comme étant les seuls habilités à choisir le parcours des élèves. Un pouvoir qui permet aux professeurs de diviser les bons enfants des mauvais. En effet, les bons enfants attendent que les professeurs leur disent quoi faire, ils sont empressés et enthousiastes de faire leurs devoirs. Les enseignants imposent également les sujets traités. La curiosité disparaît face à l’uniformité toute puissante.

Et, c’est la totalité de notre économie qui repose sur cette leçon. Nous ne pouvons imaginer ce à quoi notre économie ressemblerait si ce concept n’était pas intégré.

Cinquièmement, les enseignants apprennent aux enfants à ancrer leur confiance personnelle uniquement sur le jugement de valeur d’un expert qui se base sur une évaluation et un jugement constant. Les enfants apprennent donc à ce qu’on leur dise ce qu’ils valent et que cette valeur soit chiffrée dans des rapports réguliers qui soulignent surtout les défauts de l’enfant.
L’auto-évaluation n’est jamais considérée : ni celle des enfants ni celle des parents. Seule l’évaluation des enseignants compte.

Sixièmement, les enseignants rendent les enfants émotionnellement dépendants en leur apprenant qu’ils sont surveillés en tout temps à l’école, mais aussi jusqu’à l’intérieur de leur maison grâce aux devoirs. À l’école, on limite également la fraternisation entre enfants et on encourage même les enfants à se dénoncer entre eux ou à dénoncer leurs parents.

L’école et les devoirs permettent de réduire le temps qui pourrait permettre aux enfants d’apprendre des choses interdites. Indirectement, cela inculque que personne n’ai digne de confiance et que l’aspect privé n’est pas légitime. Une société sous contrôle est une société dont les enfants sont étroitement surveillés, une prescription établie par Calvin, Platon, Hobbes, Comte, Francis Bacon…

John Gatto explique que l’école était utilisée pour rompre le lien entre parents et enfants, tel que le soulignait John Cotton en 1650 dans les écoles de la Bay Colony, ce qui fut réitéré par Horace Mann pour les écoles du Massachusetts en 1850. Et à nouveau, nous en sommes là. L’école demeure essentielle dans une société pyramidale qui considère ses citoyens comme la base de subordonnés qui doit obéir au contrôle de la pointe supérieure : l’école est un entraînement obligatoire en subordination pour tous. Il serait temps de retrouver une démocratie, selon l’enseignant.

Les méthodes alternatives

John Gatto dit qu’il est difficile d’imaginer un autre système d’éducation, même parmi les enseignants et les parents les plus motivés. Cela ne prendrait qu’une cinquantaine d’heures pour apporter « la base » nécessaire à ce qu’un enfant puisse apprendre par lui-même. Il affirme également que ce ne sont pas les programmes qui sont à revoir, nous venons d’énoncer brièvement les six objectifs principaux de ce type d’enseignement qui conduisent à une forme de paralysie morale et intellectuelle. L’enseignement aurait besoin de replacer ses priorités. Selon John Gatto, les jeunes sont aujourd’hui indifférents au monde des adultes, à l’avenir, à presque tout sauf aux jeux violents. Ils sont incapables de se concentrer; sont dotés d’une faible appréciation du passé et de l’avenir; ont peur de la solitude; sont cruels, dépendants, timorés face à l’imprévisible; sont avides de distractions… Pour lui, seules les méthodes d’éducation alternatives peuvent apporter une réponse adéquate.

La famille reste le lieu de prédilection pour l’éducation. Le mouvement de l’école-maison ne cesse de croître et les résultats obtenus par ces enfants éduqués par leurs parents sont meilleurs résultats que ceux de leurs pairs dans plusieurs aspects.

Les petites écoles désinstitutionnalisées pourraient constituer une autre réponse, malheureusement réservée à des familles au minimum de la classe moyenne.

John Taylor Gatto constate que l’école ne permet pas aux enfants d’apprendre la motivation personnelle, la persévérance, la confiance en eux, le courage, la dignité, l’amour ou le service aux autres. Il note donc que sans rôle actif dans la collectivité, l’être humain ne peut se réaliser complètement. Aristote l’avait d’ailleurs déjà enseigné. Mais aujourd’hui, les jeunes face à leurs écrans durant leur temps libre ne peuvent plus apprendre ces valeurs essentielles, ces valeurs qui permettent de se réaliser en tant qu’être humain.

Il a également mis au point une méthode d’enseignement éducative. Son objectif principal est de faire sortir les enfants de l’école. Son programme est une combinaison d’études indépendantes, de projets dans des matières scolaires, de service communautaire, et de stage sur le terrain. Il pense que les étudiants ne peuvent apprendre et se tester que dans les expériences de la vie. Pour ses étudiants, il ouvre des portes et c’est à eux à apprendre ce qu’ils souhaitent apprendre. Pour lui, la chose la plus importante qu’il ait apprise tient dans une citation : « Vous avez besoin d’expériences, d’aventures et de découvertes plus que de l’algèbre! » ( »You need experience, adventure, and explorations more than you need algebra! ») 

Quelques titres en anglais :

Taylor, Gatto John. Dumbing Us Down: the Hidden Curriculum of Compulsory Schooling. New Society Publishers, 1992.

Taylor, Gatto John. The Exhausted School. 1993

Taylor Gatto, John. The Underground History of American Education: A Schoolteacher’s Intimate Investigation Into the Problem of Modern Schooling. 2001.

Taylor, Gatto John. Weapons of Mass Instruction: A Schoolteacher’s Journey through the Dark World of Compulsory Schooling. 2008.

Taylor, Gatto John. “Against School”. Harper’s, September 2003 issue.

Cinéma

Être et Devenir, documentaire de Clara Bellar, 2014

Site: www.johntaylorgatto.com

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