
À peine adolescente, la Canadienne Wendy Priesnitz réalise le besoin de repenser le travail, le jeu et la façon de s’éduquer afin de retrouver un équilibre social et écologique.
En 1969, alors qu’elle est en formation pour devenir enseignante, elle rejette le processus de modélisation des enfants et décide d’éduquer ses deux filles à la maison. Dix ans plus tard, elle fonde la « Canadian Alliance of Home Schoolers » après avoir cofondé, avec son mari Rolf, Life Media, une entreprise alternative de multimédia dont la vocation est la publication de livres, de magazines et de sites Web. À la fois auteure, journaliste, femme d’affaires et brièvement chef du Parti vert, elle se décrit également comme une agente de changement et se consacre, entre autres, à la défense de l’environnement et de l’éducation alternative au Canada.
Une des préoccupations de Wendy Priesnitz est la désinstitutionnalisation de l’apprentissage ainsi que la suppression de la contrainte et de la coercition dans l’éducation des enfants. Elle préconise un apprentissage basé sur l’expérience et l’autodidaxie, ce qu’elle nommera l’apprentissage autodirigé. Elle se refuse d’ailleurs à utiliser des mots tels que « unschooling », déscolarisation, école-maison, école à domicile, apprentissage autonome…des appellations qui se réfèrent à un système qu’elle dénonce. D’après elle, le terme école-maison répondait relativement bien au concept il y a seulement quelques décennies, car la plupart des familles dont les enfants faisaient l’école-maison cherchaient à s’éloigner au maximum du modèle scolaire. Aujourd’hui, ce n’est plus forcément le cas et c’est pourquoi il est nécessaire, selon l’auteure, de nommer avec précision ce style d’éducation basé sur l’intérêt de l’apprenant ; ce dernier s’autogère et s’enrichit grâce aux ressources disponibles et à son expérience du quotidien.
Pour Wendy Priesnitz, le terme « apprentissage » demeure important : la majorité des gens pensent qu’une éducation se reçoit à l’école et que la non-scolarisation est synonyme de « sans instruction ». Elle souligne que le simple fait de décrire les interactions avec les enfants à l’école contribue à donner de l’importance à la place de l’éducation dans la vie. Elle insiste donc sur la nécessité de se définir en fonction de ce que l’on fait, plutôt qu’en fonction de ce que l’on ne fait pas. Ainsi, elle propose le syntagme « life learning » (apprentissage au fil de la vie). Effectivement, vivre et apprendre sont intimement liés : l’un ne peut exister sans l’autre. Dès sa naissance, l’enfant explore et apprend, sans qu’il n’existe de distinction pour l’apprentissage académique. Et l’auteure ajoute qu’elle-même apprend les choses en les faisant.
Wendy Priesnitz appuie une grande partie de son argumentation sur la recherche de liens entre le biomimétisme et l’apprentissage au fil de la vie. Premièrement, elle constate que l’humain est le seul parmi toutes les races à envoyer ses descendants à l’école pour apprendre et socialiser. Une école qui, selon l’auteure, ne pense qu’à étiqueter, catégoriser et trier. Une école qui marque et dont les traces demeurent ancrées, même parmi ceux qui la rejettent.
Si l’on se base sur le biomimétisme, l’éducation devrait être décentralisée, autoréglementée, coopérative, adaptable rapidement aux nouvelles conditions et disposant de mécanismes de rétroaction. Deuxièmement, l’auteur souligne que le biomimétisme devrait également être utilisé pour concevoir de nouveaux systèmes organisationnels. Grâce au biomimétisme, de grandes organisations ont déjà travaillé avec succès sur leur évolution structurelle. L’auteure prône une approche similaire avec les élèves : une approche dans laquelle l’éducation s’adapterait à la société mouvante dans laquelle nous vivons – tant au niveau des nouvelles technologies que des enjeux de société – et qui tiendrait compte des possibilités de collaboration tout en transformant l’élève passif en apprenant actif tout au long de sa vie. Comme le précise l’auteure, il suffit aujourd’hui de quelques clics pour que toute personne qui le désire ait accès à un patrimoine du savoir qui lui permet de contourner les écoles ; ces dernières devront donc s’adapter à cette nouvelle réalité.
Quant aux détracteurs de « l’apprentissage au fil de la vie », qui avancent souvent que les jeunes issus de ce modèle sont inadaptés, Wendy Priesnitz répond qu’au contraire ces enfants sont habitués à prendre en charge leur propre apprentissage et leur projet de vie. Selon l’auteure, ils bénéficient de tous les outils pour s’épanouir et contribuer à l’évolution sociétale qui sera nécessaire, exactement ce à quoi le système scolaire actuel ne les prépare pas puisqu’il est encore conçu pour « produire des travailleurs et des consommateurs obéissants ».
Wendy Priesnitz souhaite promouvoir les différents choix dont les personnes peuvent bénéficier tout en les incitant à s’interroger sur l’adéquation de ces choix avec eux-mêmes, leur famille et la planète. Selon l’auteure, l’ère dans laquelle nous vivons devrait nous pousser à repenser notre façon de vivre dans nos familles, mais également dans nos communautés et sur la Terre. Et, à son avis, cela implique une pensée, une éducation et un mode de vie beaucoup plus autonomes.
Site internet : https://www.life.ca/wendy/
© CCHE. All rights reserved. The information provided on this site is meant for informational purposes only. The information is distributed with the understanding that it does not constitute legal advice, and it should not be relied upon as such. Readers with legal questions should consult with a qualified lawyer regarding the specifics of their particular situation. Links may be provided to third party sites that some homeschooling families have found to be helpful. You should exercise your own independent skill and judgement in making homeschool resource and curriculum choices for your family.